Interview
 

 

 
 



Cette interview réalisée le 8 juin 2002 a été l'occasion de récapituler la saison passée 2001-2002, première grande saison internationale pour Brian.


Comment s'est fait le choix des musiques de tes programmes ?
Pour le programme court Jean-Roland Racle a eu l'idée de la musique mexicaine, et comme c'est une musique qui m'a bien plu je l'ai gardé. Pour le programme long, la musique de 'Mission', j'ai su que je patinerai dessus la première fois que j'ai vu le film à la télévision, ça fait donc longtemps que j'avais l'idée en tête. Il est arrivé la même chose avec la musique de 'Dune', que j'utilise vers la fin du programme.
Qui a fait la chorégraphie ?
Alexandre Riccitelli. J'ai travaillé avec lui en juin dernier, à Orcieres-Merlette. La première chose qu'il faut mettre au point avec le chorégraphe, c'est le schéma des sauts, avec les trajectoires correspondantes… mais c'est moi qui décide de l'ordre des sauts.

Du point de vue compétition, comment s'est déroulée cette saison, la première grande saison internationale ?
La saison a commencé comme d'habitude avec les Masters, à Orléans. Les Masters c'est l'occasion de montrer nos nouveaux programmes aux juges et aux dirigeants de la fédération, ne serait-ce que pour savoir s'ils sont conformes aux règlements. La compétition s'est très bien passée, mes programmes ont eu un très bon accueil, et en particulier le programme court qui a fait beaucoup d'effet. Je me sens à l'aise sur cette musique.

Ensuite, le Skate America a été mon premier Grand Prix senior, j'étais assez impressionné; mais il y avait une bonne ambiance, et dans ces conditions le stress m'a motivé encore plus car de toute façon je n'avais rien à perdre.
Pour ce qui est du résultat, j'aurai sans doute pu faire mieux, peut-être dans les 5-6ème. C'est en fait l'erreur du programme court qui m'a coûté assez cher ; je suis parti sur le quadruple boucle piqué, qui était très beau, peut-être le plus beau de toute la saison, mais j'avais trop d'élan à la sortie et je suis tombé sur le triple boucle piqué de la combinaison. Et après ça je me suis retrouvé dans le deuxième groupe et je ne pouvais plus remonter.
Patiner en altitude n'était pas si dur, mais on sent la différence quand même. Pendant un entraînement, je me suis mis à saigner du nez pendant une pirouette… C'était du, je pense, à l'altitude et à la fatigue. D'ailleurs la même chose m'est arrivé à Salt Lake, mais dans une moindre mesure.

Aux Championnats de France, je me suis senti un peu volé après le programme court, où je termine 5ème, alors que je pense que j'aurai pu être 3 ou 4ème. Stanick a été assez soutenu… Mais bon, ça ma encore plus booster pour le long. D'entrée je rate le quadruple, et la je me dis tout de suite 'tu le remets directement', et c'est passé. Bien sur, il faut modifier le programme 'en direct' pour changer l'ordre des sauts, mais il faut penser à garder les courbes pour ne pas trop changer la chorégraphie et ne pas oublier d'éléments. Au final, je termine 3ème, je suis assez satisfait; c'est sur aue mon objectif à ces championnats était d'être dans les deux premiers, mais la troisième place m'a sélectionné pour les Championnats d'Europe. J'étais donc très content quand même.

Les Championnats d'Europe, c'est le meilleur souvenir de l'année.
A l'échauffement des qualifications je ne passais rien, je n'ai pas fait un seul triple Axel, ni un seul quadruple, et tous mes triples étaient retournés. Mais par contre une fois que le programme a commencé, je sentais que j'étais dedans, et dans ces cas-là une fois les deux-trois premiers sauts réussis on sait que l'on a de grandes chances de tous les faire et de réaliser un programme parfait. Bien sur, il faut toujours rester concentré pour ne pas prendre une pointe ou chuter. Mais au final, on ressort comme sur un nuage, et la place n'importe peu, on est très content pour soi-même.
J'étais tout aussi décontracté pour le programme court. Par contre avant le programme libre j'ai réalisé que la médaille était possible, et du coup j'étais un peu plus stressé… mais le stress on apprend à le gérer.


Du coup, juste après les Europe j'ai su que j'étais sélectionné pour les Jeux Olympiques de Salt Lake City. Depuis le début de la saison je savais que j'avais peut-être une chance d'aller à Salt Lake, et que je ferai tout pour ça, et là quand je l'ai su j'ai pleuré de joie. Je ne pense pas que ce soit arrive trop tôt dans ma carrière, ça m'a apporté beaucoup d'expérience, ça m'a fait progresser. Et pour les prochains JO, je saurai déjà comment ça se passe, sauf que cette fois-ci j'irai pour le titre.

Je suis arrive à Salt Lake environ 4-5 jours avant le début des épreuves. Avant j'ai passé une semaine à Calgary chez Tarassova, on a travaillé la technique et la chorégraphie, on a fait une préparation de compétition en fait. J'ai senti une différence au niveau chorégraphie, mais pas vraiment au niveau technique.

Le village Olympique je le connaissais par cœur. En tant qu'athlète on avait accès à toutes les épreuves de plein air, pour les épreuves se déroulant dans les bâtiments il fallait faire une demande de place. Mais je ne suis pas sorti du village pour voir d'autres épreuves, car c'était rendu beaucoup trop pénible par la sécurité : c'était tous les 10 mètres ! Ils vérifiaient les sacs, le pass, il fallait passer dans un portail magnétique… il fallait même boire un peu d'eau si on en avait en bouteille… et il me restait une bouteille vieille de plus d'un mois, elle datait de Lausanne… Un jour j'ai raccompagné mes parents jusqu'à leur bâtiment, et au retour il y avait plus d'une demi-heure de queue pour le contrôle de sécurité. Ils m'ont gardé mes tournevis, et même ma bombe déo ! Sinon, si les choses avaient plus facile et moins contraignantes, je serai avoir voir le bobsleigh.
Les journées c'était entraînements deux fois par jour. Question nourriture il y avait des pizzas, bien sur, aussi des pâtes… ça allait, c'était bon.
Est-ce que j'ai ressenti une pression supplémentaire ? Non, pas vraiment, mais j'ai été très impressionné par le public. J'ai demandé à Pierre Trente avant de monter sur la glace s'il y avait du monde dans les gradins, il m'a répondu que non… mais quand j'ai vu le public par moi-même, ce n'était pas tout à fait ça…
Pour ce qui est de la compétition, je n'étais pas très content de mon programme court, mais le libre était OK, je me suis bien battu.
On est reparti en France directement après la fin des épreuves.

Les trios semaines suivantes, avant les Championnats du Monde Senior à Nagano, je suis rentré à Poitiers pour m'entraîner. Comme Véronique, mon entraîneur, a eu son bébé, c'est Laurent Depouilly qui est venu m'entraîner à Poitiers, et aussi pendant les Championnats du Monde.
Pour ma part je voulais faire les monde juniors, et pas les monde seniors, mais la fédération m'a dit que les monde junior pour moi cela ne servirait à rien. J'aurai quand même préféré faire les juniors, en plus ça aurait évité pas mal de problème avec les autres patineurs... La fédération a ajouté que du coup les monde juniors étaient trop près des monde seniors... Mais ils se sont rendu compte que ce n'était peut-être pas la meilleure décision, l'année prochaine je ferai les monde juniors… d'autant plus que j'ai battu le champion du monde junior au Skate America.

Pour finir, la tournée de l'équipe de France, c'était très bien, une très bonne ambiance, super, j'ai beaucoup apprécié. Aussi un peu fatiguant quand même car on enchaîne les galas, et il y a beaucoup de trajet en bus. Pour la dernière à Grenoble, avant que je monte sur la glace les autres patineurs m'ont aspergé d'eau, normal quand on patine sur 'Les lacs du Connemara'… j'étais trempé; et en sortant de piste c'était carrément un saut d'eau ! Mais pour la dernière tout le monde a eu droit à son petit truc.


Cet été, je pars le 11 juin 2002 pour 15 jours aux Etats-Unis pour travailler avec Morozov, on va monter les nouveaux programmes sur les nouvelles musiques.
La suite du programme ce sera deux semaines à Anglet début juillet, et deux semaines avec Jean-Christophe Simon à Pralognan début août. Par contre il faut boucher les trous dans l'emploi du temps, parce que je ne peux pas ne pas patiner pendant 15 jours…

Cette année il faudra être prêt dès le mois de Septembre car il y a les Masters àBrest, et tous les patineurs Elite doivent participer à la compétition.
Puis ce sera les Grands PRix seniors, pour ma part je serai au Skate America à Spokane et Trophée Lalique.